A black cab
The after-midnight one
My driver slams
A mix of various languages
And his werewolf eyebrows
In Beirut’s wild nights
That mountain standing afar
Constellation of a trance-like Pollock
I loosen up
Walking beside my shoes
Like a sleepwalker
The city barks
Then beats to the rhythm
By the window
Electric wires plaited to infinity
Everything goes too fast
Rushing by
Apartments pierced through
Bullet shrapnel
Holes the size of a bus
A taste of dust
A smell of burning tyres
My head ready to explode
As if fingers tried to make me confess
By what?
I’m delirious
A kid runs after the car
Traffic lights turn red
Mopeds circling us
With looks of rabid dogs
Hatred of the stranger
We speed up
To the coastline
The moon standing still
The sky going insane
Fireflies bounce on the sand
Tanks run by
Earthquake
The ground kicks off a jazz solo
I dream about a woman
Fair skinned
Black haired
All I get is a soldier’s flashlight
Aimed at my eyes
He makes us pull off to the side
Body search
I.D. check
The werewolf refuses to go further
I walk along the beach
Couples hide in cars
Headlights off
In the water, she is there
The fair skinned woman
With her dark hair
Unafraid of flames
Of the burning reflections on the waves
I dive with her
Underwater, another night
Without a word
A love supreme
Un taxi noir,
Celui d’après minuit,
Mon chauffeur
Et ses sourcils de loup-garou,
Dans les nuits fauves de Beyrouth,
Cette montagne dressée au loin,
Constellation d’un Pollock en transe,
Je décroche
À côté de mes pompes,
Tel un somnambule,
La ville jappe,
Puis bat la mesure en rythme,
Par la fenêtre
Des fils électriques tressés à l’infini,
Tout va trop vite,
Ça défile,
Appartements percés de part en part,
Éclats de balle,
Des trous de la taille d’un obus,
Un goût de poussière,
Odeur de pneus brûlés,
Ma tête prête à exploser,
Comme si des doigts essayaient de me faire avouer
Mais quoi ?
Je délire,
Un gamin court après la voiture,
Le feu passe au rouge,
Des scooters nous tournent autour,
Haine de l’étranger,
Je fonce
Sur les bords de mer,
La lune fait du sur-place,
Le ciel pris de folie,
Des lucioles rebondissent sur le sable,
Des chars défilent,
Tremblement,
La terre entame son solo de jazz,
Je rêve d’une femme,
La peau claire,
Aux cheveux noirs,
Mais j’ai droit à la lampe
d’un militaire,
Braquée sur mon désir,
Il nous fait ranger sur le bas-côté,
Fouille au corps,
Vérification des papiers,
Le loup-garou ne veut pas aller plus loin,
Je longe la plage,
Des couples se cachent dans des voitures
Tous phares éteints,
Dans l’eau, elle est là,
La femme à la peau claire,
Aux cheveux noirs,
Elle n’a pas peur des flammes,
Des reflets brûlants sur les vagues,
Nous plongeons
Sous l’eau, une autre nuit,
Une longue phrase